Novembre 2015 - Présentation de Marie au Temple
Dom Guéranger, L’Année Liturgique, Pentecôte 6
« Félicitez-moi, vous tous qui aimez le Seigneur, de ce que, lorsque j’étais petite, j’ai plu au Très-Haut. » C’est l’invitation que vous nous adressez dans les Offices chantés à votre honneur, ô Marie ; et quelle fête la justifie mieux que celle-ci ? Quand, plus petite encore par l’humilité que par l’âge, vous montiez si candide et si pure les degrés du temple, le ciel dut avouer que c’était justice, si désormais les meilleures complaisances du Très-Haut étaient pour la terre.
Retirée jusque-là dans l’intimité de vos bienheureux parents, ce fut votre première démarche publique ; elle ne vous montrait aux hommes que pour aussitôt vous dérober mieux encore à leurs yeux dans le secret de la face de Dieu ; mais en la manière que pour la première fois vous étiez officiellement offerte et présentée au Seigneur, lui-même sans nul doute, entouré des puissances de sa cour, vous présentait non moins solennellement à ces nobles esprits dont vous étiez la reine. Dans une plénitude de lumière qui n’avait point luit précédemment pour eux, ils comprirent, en même temps que vos grandeurs incomparables, la majesté de ce temple où le Seigneur recueillait un hommage surpassant en dignité celui des neuf chœurs, l’auguste prérogative de cet ancien Testament dont vous étiez la fille, dont les enseignements et les directions allaient parfaire en vous durant douze années la formation de la Mère de Dieu.
La sainte Église, cependant, vous déclare imitable pour nous en ce mystère de votre Présentation comme dans tous les autres, ô Marie. Daignez bénir plus spécialement les privilégiés que la grâce de leur vocation fait dès ici-bas habitants de la maison du Seigneur : qu’ils soient eux aussi l’olivier fertile, engraissé de l’Esprit-Saint, auquel vous compare saint Jean Damascène. Mais tout chrétien n’est-il pas, de par son baptême, l’habitant, le membre de l’Église, vrai sanctuaire de Dieu, dont celui de Moriah n’était qu’une figure ? Puissions-nous, par votre intercession, vous suivre d’assez près dans votre Présentation bienheureuse au pays des ombres et des frimas, pour mériter d’être de même présentés à votre suite au Très-Haut dans le temple de sa gloire.