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Juin 2015 - La Fête-Dieu

Dom Guéranger, L'Année liturgique, Pentecôte 1

Une grande solennité s’est levée sur le monde : la Fête-Dieu ; vraiment fête de Dieu, mais aussi fête de l’homme, étant la fête du Christ-médiateur présent dans l’Hostie pour donner Dieu à l’homme et l’homme à Dieu. L’union divine est l’aspiration de l’humanité ; à cette aspiration, ici-bas même, Dieu a répondu par une invention du ciel. L’homme célèbre aujourd’hui cette divine merveille.

Dieu est amour ; et la merveille n’est pas que nous ayons aimé Dieu, mais qu’il nous ait lui-même prévenus d’amour. Mais l’amour appelle l’union, et l’union veut des semblables. Ô richesses de la divine nature en laquelle s’épanouissent, également infinis, Puissance, Sagesse et Amour, constituant dans leurs sublimes relations la Trinité sainte ! En ce jeudi qui nous rappelle le jeudi, saint entre tous, de la Cène du Seigneur, vous découvrez à nos cœurs tout à la fois la plénitude, le but, l’admirable harmonie des œuvres qu’opère le Dieu un dans son essence et trois dans ses personnes ; sous le voile des espèces sacrées, vous offrez à nos yeux, monument divin, le mémorial vivant des merveilles accomplies par le concert de la Toute-Puissance, de la Sagesse et de l’Amour !

Dieu crée l’homme à son image, copiant son Verbe, l’archétype souverain, pensée du Père, miroir très pur de l’intelligence infinie, qui renferme en soi l’idée divine de toute chose : règle des mondes, exemplaire éternel, lumière vivante et vivifiante qui donne leur forme et leur nature à tous les êtres. Dieu le Père a tout fait pour cette union de la nature humaine avec son Fils : union si intime qu’elle devait aller, pour l’un des membres de cette humanité, jusqu’à l’identification personnelle avec le Fils très unique du Père ; union si universelle, qu’à des degrés divers, aucun des individus de la race humaine ne devait être exclu que par lui-même des noces divines avec la Sagesse éternelle ainsi manifestée dans le plus beau des enfants des hommes. Ainsi le mystère des noces est-il bien le mystère du monde ; ainsi le royaume des cieux est-il semblable à un roi qui fait les noces de son fils.

L’adorable Sagesse est sortie des temples, portant son message aux humbles de cœur : “Venez, mangez mon pain, buvez le vin que j’ai mélangé pour vous.” Car la Sagesse s’est bâti une demeure ici-bas ; elle a elle-même immolé ses victimes, préparé le vin et dressé sa table : tout est prêt, venez au festin des noces !

Sagesse, noble souveraine, dont les charmes divins captivent dès l’enfance les cœurs avides de la vraie beauté, il est donc arrivé le jour du vrai festin des noces ! Vous accourez pour nous nourrir du pain de vie, nous enivrer du breuvage salutaire. Meilleur est votre fruit que l’or et la pierre précieuse, meilleure votre substance que l’argent le plus pur. Ceux qui vous mangent auront encore faim, ceux qui vous boivent n’éteindront pas leur soif. Car votre conversation n’a point d’amertume, votre société de dégoût ; avec vous sont l’allégresse et la joie, les richesses, la gloire et la vertu.

En ces jours où siégeant dans la nuée, vous élevez votre trône dans l’assemblée des saints, sondant à loisir les mystères du divin banquet, nous voulons publier vos merveilles, et, de concert avec vous, chanter vos louanges en face des armées du Très-Haut. Daignez ouvrir notre bouche et nous remplir de votre Esprit, divine Sagesse, afin que notre louange soit digne de son objet, et qu’elle abonde, selon votre promesse dans les saints Livres, en la bouche fidèle de vos adorateurs.